Hommage à Jack Templin, l’un des premiers Amis du vent… et un homme que j’aurais aimé connaître!

21 avril, 2016
Chaque année, lors de son Congrès, l’Association canadienne de l’énergie éolienne (CanWEA) décerne le prix R.J. Templin à une personne ou à un organisme dont les activités dans le domaine des sciences, des techniques, de l’ingénierie ou des politiques ont contribué à l’avancement de l’éolien au Canada. À ce jour, on compte 31 lauréats, qui ensemble forment une constellation de pionniers. Leur passion et leur dévouement ont fait d’une technologie jadis expérimentale l’un des chapitres les plus fascinants de l’histoire énergétique canadienne.
En consultant la liste des récipiendaires, j’ai constaté que l’un d’eux avait donné son nom au prix : en effet, Jack Templin l’a gagné en 1986, deuxième année où l’honneur était remis. M. Templin a ensuite pris sa retraite après 43 ans comme ingénieur en aéronautique au Conseil national de recherches du Canada (CNRC), à Ottawa.
Jack Templin est mort le 7 février dernier à l’âge de 93 ans. Depuis, j’ai souvent pensé à l’homme qu’il était, et à son legs à l’industrie éolienne du pays. Je ne l’ai jamais rencontré, mais ses anciens collègues, eux, n’ont pas oublié son intelligence, sa curiosité, sa modestie et sa bonté.
Et bien sûr, ils se souviennent de lui comme d’un scientifique jusqu’au bout des ongles. M. Templin a intégré les rangs du CNRC en 1944, après avoir terminé le programme de génie physique de l’Université de Toronto. Tout au long de sa carrière, il s’est affairé à résoudre une gamme de problèmes d’aérodynamisme, analysant notamment la performance des aéronefs, ou étudiant au moyen de simulations de soufflerie les forces agissant sur les édifices, les ponts et les véhicules. L’énergie éolienne a été son dernier champ d’études au CNRC : il était membre d’une équipe qui développait l’éolienne à axe vertical.
C’était l’époque où un réseau international de scientifiques et de laboratoire de recherche œuvrait à établir les principes techniques et à concevoir les systèmes qui deviendraient les assises du succès actuel de l’industrie.
« Le CNRC a joué un rôle prépondérant dans les recherches en aérodynamisme qui allaient mener à l’avènement des premières technologies éoliennes dans le monde. Jack est un pionnier au sens fort du terme : avec d’autres, il a lancé le long processus de recherche et développement ayant donné naissance à la technologie éolienne moderne, souligne Carl Brothers, lui-même récipiendaire du prix R.J. Templin. Ce sont les travaux précurseurs de Jack et de ses pairs, dans les années 1970 et 1980, qui ont rendu possibles les avancées qui se poursuivent aujourd’hui. »
Templin était l’un des principaux dirigeants du comité consultatif technique qui a supervisé les travaux sur le terrain d’essais éoliens de l’Atlantique de l’Île-du-Prince-Édouard. Collaborant avec des organisations partenaires comme les Laboratoires Sandia des États-Unis, il a contribué à la dissémination des connaissances et de l’information. En 1984, il a participé à la fondation de CanWEA.
Jason Edworthy, un autre lauréat du prix R.J. Templin, se souvient d’un Jack vaguement amusé par l’exubérance des premiers entrepreneurs à flairer les potentialités commerciales de cette technologie naissante.
« Il était d’abord un chercheur, mais je crois malgré tout qu’il était heureux de voir les gens s’intéresser à l’éolien et à la science, note M. Edworthy. Il demeurait effacé. Si on lui demandait son avis ou s’il voyait qu’un projet allait mal tourner, il offrait discrètement son aide et corrigeait le tir. »
Pour quiconque travaille dans une industrie aussi dynamique et florissante que la nôtre, c’est facile de ne penser qu’aux dossiers chauds. Je me sens donc privilégié d’avoir pu apprendre à mieux connaître l’homme qui a donné son nom à l’un des prix les plus importants et prestigieux décernés par CanWEA, ainsi que les travaux fondateurs sans lesquels l’éolien n’aurait pu devenir une source d’énergie courante et bien établie. Non, je n’ai pas eu le bonheur de rencontrer Jack Templin, mais j’en sais assez pour saluer l’un des premiers Amis du vent.
Pour en savoir plus sur les travaux réalisés par Jack Templin, ne manquez pas le numéro estival de WindSight. Pour consulter le tableau d’honneur des prix CanWEA, rendez-vous sur la page des lauréats.
Photo : © Institut de l’énergie éolienne du Canada
M. Templin quitte le conseil d’administration du terrain d’essais éoliens de l’Atlantique. Il est accompagné de Carl Brothers, directeur général, Frontier Power Systems. À l’époque, M. Brothers était le directeur des travaux entourant ce projet.

Conseillère principale en communications à l’Association canadienne de l’énergie éolienne